Quelles sont les caractéristiques des cafés biologiques équitables et durables ?

Majoritairement cultivé dans des pays en développement, le café pourrait être synonyme d'exploitation de grands groupes industriels et de principes écologiques bafoués. Pourtant, grâce à l'engagement des populations, aux différents labels et à la prise de conscience des consommateurs, de nombreux producteurs travaillent dans des cultures à la fois biologiques, équitables et durables

Parfois galvaudés, ces termes méritent qu'on s'y attarde : qu'est-ce que du café bio ? Comment définit-on un commerce de café équitable ? Sur quels critères qualifie-t-on une plantation caféière de durable ? Autant de questions auxquelles nous apportons des réponses en nous penchant sur les labels, les modes de culture, la rémunération des travailleurs, etc.

Qu'est-ce que du café bio issu du commerce équitable et/ou durable ?-1

Café biologique : rappel sur les critères de l'appellation bio

On lit parfois que les cafés provenant de régions pauvres et excentrées, n'ayant pas accès aux produits chimiques, sont « bio par essence ». Ils détiennent une part de vérité, car les principes de l'agriculture biologique incluent la prohibition des engrais, pesticides et herbicides de synthèse et nocifs pour la planète. Mais ce n'est pas tout, car pour être certifié bio, un domaine caféier doit aussi préserver la biodiversité environnante, optimiser l'utilisation des ressources (eau, sols, etc.), favoriser des méthodes de production et de récolte naturelles, etc. De plus, la certification est synonyme de contrôles, réalisés régulièrement par des organismes certifiés. Ils sont garants du respect des règles de l'agriculture biologique. Sans cela, aucune garantie que le café soit 100 % bio.

Toutefois, il ne faut pas nier que des cafés non certifiés peuvent tout aussi bien respecter la nature. Le temps requis pour obtenir la labellisation et le coût que cela induit peuvent en effet représenter des freins pour les petits producteurs. 

Café provenant du commerce équitable : un système économique et social plus juste

Durant les dernières décennies, les labels de commerce équitable se sont fortement développés, pour la production et la distribution de chocolat, de miel, d'épices, de céréales, etc., et en grande partie de café. Cela permet entre autres le développement d'une économie plus juste et plus transparente.

Les éléments centraux du commerce équitable

Un café produit de façon dite « équitable » repose sur plusieurs principes :

  • une rémunération plus juste des producteurs, en lien direct avec les coûts de production et le coût de la vie locale ;
  • un engagement pour des conditions de travail dignes respectant les droits de l'Homme et excluant le travail des enfants, la discrimination, etc. ;
  • un soutien aux producteurs de la part des distributeurs/acheteurs, de sorte à favoriser leur développement et à améliorer leur vie quotidienne, sans remettre en cause leur autonomie ;
  • une plus grande transparence entre les différentes parties prenantes (entre producteur et acheteur, mais aussi entre distributeur et consommateur) ;
  • des actions visant à produire en respectant l'environnement et la biodiversité.

Ainsi, acheter un café labellisé équitable est une manière de participer à une économie plus juste au niveau international, tout en favorisant la préservation des ressources et le développement social des populations. Toutefois, équitable n'est pas forcément synonyme de biologique. Ce sont deux logos qui peuvent coexister, mais qui ne sont pas indissociables l'un de l'autre.

Les labels de cafés équitables

Dans le monde du café, plusieurs certifications permettent aux producteurs de vivre mieux et aux consommateurs d'en avoir la garantie. Le plus connu d'entre eux est sans doute Fair Trade Max Havelaar. L'organisation Max Havelaar permet à plus de 500 coopératives de production caféière d'Amérique, d'Océanie, d'Asie et d'Afrique de bénéficier d'un soutien, d'une voix dans les discussions et de meilleures conditions de vie.

D'autres labels sont garants d'une agriculture et d'une vente de café plus équitables, comme Fair For Life Ecocert, Symbole des Paysans Producteurs et World Fairtrade Organization. Chacun possède son propre cahier des charges, incluant par exemple un prix minimum garanti, des critères de production définis par les producteurs eux-mêmes, la promotion du commerce équitable à travers le monde, etc.

Qu'est-ce que du café bio issu du commerce équitable et/ou durable ?-2

Café durable : un ensemble de pratiques sociales et environnementales favorables

Cafés durables, responsables, engagés : il existe plusieurs appellations, qui contrairement au café équitable, n'ont pas toujours de logos ou de certifications afférents. Il n'est donc pas toujours facile de se fier à ces dénominations, qui n'ont parfois qu'une teneur commerciale. Toutefois, les cafés réellement durables existent et englobent des démarches qui visent à la fois la préservation de l'environnement, du bien-être des agriculteurs, d'un marché juste, du développement des compétences et de l'autonomie, etc.

La durabilité environnementale

Lorsque l'on parle de durabilité, on pense assez instinctivement à l'aspect écologique. C'est en effet l'une des composantes des cafés durables, avec la prise en considération de la problématique environnementale depuis la production jusqu'à la post-consommation.

On peut donc qualifier un café de durable s'il répond à une ou plusieurs des conditions suivantes :

  • il est cultivé dans le respect des terres (conservation des forêts, préservation des sols) ;
  • la culture des grains de café se fait sans produits chimiques ou est labellisée biologique ;
  • les agriculteurs utilisent des méthodes peu énergivores et économes en ressources naturelles non renouvelables (ex. : eau) ;
  • son emballage est plus écologique et recyclable, etc. ;

L'idée centrale est ainsi de produire un café qui pollue moins, à toutes les étapes de son cycle de vie.

La pérennité des exploitations et du travail des producteurs

La durabilité étant le caractère d'une chose qui est « de nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité », le seul aspect environnemental ne peut suffire à qualifier des cafés de durables.

C'est pourquoi il est primordial d'inclure également les enjeux sociaux et économiques. De nombreux producteurs de café se trouvent en effet dans des pays où la pauvreté, la précarité et le non-respect des droits humains sont monnaie courante. Or, l'exploitation des populations à des fins de production caféière n'est ni morale ni viable sur le long terme.

Un café durable, c'est donc également un café qui :

  • permet aux agriculteurs et à leur famille de vivre dignement de leur travail, avec des revenus stables et des prix dépendants notamment des coûts de production ;
  • aide les producteurs à développer leur activité, à investir, à gagner en compétences et en indépendance ;
  • préserve les petites productions rurales, ne cédant pas la place à de grands groupes industriels ;
  • assure de bonnes conditions de travail, sans violence, discrimination, durée de travail excessive, etc. ;
  • permet aux producteurs de ne pas être de simples exécutants, mais aussi de participer aux prises de décisions, etc.

Les critères de définition des cafés durables se recoupent ainsi avec ceux des cafés équitables. En plus de favoriser un marché plus solidaire, plus transparent et plus soutenable à long terme, tout cela participe à la qualité des grains de café produits. Il s'agit donc d'un système gagnant-gagnant, dans lequel les agriculteurs en finissent avec l'exploitation et où les consommateurs bénéficient de produits de bonne qualité, dont ils connaissent l'origine.

Les labels de la production caféière durable

Plusieurs marques se sont tournées vers des coopératives et des producteurs labellisés « durables » pour s'approvisionner en café. La certification de référence, reconnue à l'international, est Rainforest Alliance. Pour obtenir ce label, les produits doivent provenir d'une production agricole durable, qui s'articule autour de la traçabilité, de pratiques agricoles écologiques, d'un salaire minimum pour les agriculteurs, de la préservation et la restauration des habitats naturels, etc. L'organisation Rainforest Alliance ne se contente pas de contrôler et de certifier, mais fournit aussi des moyens aux producteurs de café (ex. : formation sur les pratiques agricoles environnementales) et agit pour la reforestation, la conservation de la biodiversité, etc.

Les grains de café issus de productions durables peuvent également bénéficier de certifications octroyées par des organismes qui s'intéressent à des préoccupations spécifiques. C'est par exemple le cas du label Café Femenino (promotion de la place des femmes en coopérative caféière), du label Demeter (agriculture biodynamique), etc.

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